Victoria Ocampo naît à Buenos Aires en 1890. Issue d’une famille de la haute société argentine, elle apprend le français durant son enfance. En 1916, âgée de vingt-six ans, elle rencontre José Ortega y Gasset, qui a sur elle une influence décisive. Virginia Woolf, à qui Victoria Ocampo allait consacrer une étude (Virginia Woolf en su diario, 1954), l'incite également à devenir écrivain.
En 1931, Victoria Ocampo fonde la revue Sur (dont le titre lui avait été suggéré par Ortega y Gasset). Des écrivains du monde entier collaborent à cette revue. Le comité de rédaction de la revue compte ainsi parmi ses membres Pedro Enriquez Ureña, Alfonso Reyes, Ortega y Gasset, Jules Supervielle, Guillermo de Torre, Waldo Frank, Jorge Luis Borges et Eduardo Mallea. Cette revue publie des jeunes talents littéraires, mais aussi les grands écrivains contemporains, tels que : Breton, Camus, Claudel, Caillois, Eluard, Gide, Malraux, Maritain, Romain Rolland, Saint-John Perse, Sartre, Valéry, Graham Greene, Huxley, Shaw, Jorge Guillén, J. R. Jiménez, Heidegger, Herman Hesse, Thomas Mann, Croce, Ungaretti, Michaux, Asturias, Octavio Paz, Faulkner, Saroyan, Steinbeck, etc. La publication de la revue se poursuit jusqu’en 1970 et elle joue un rôle important dans la diffusion des littératures étrangères en Amérique latine.
Victoria Ocampo noue des amitiés durables avec de nombreux écrivains et intellectuels, tels que les Français Pierre Drieu La Rochelle, Jules Supervielle, Roger Caillois, l’Indien Rabindranath Tagore (elle raconte le séjour du poète bengali chez elle, à la Villa Ocampo, dans Tagore en las barrancas de San Isidro, paru en 1961), ou encore les Espagnols Jorge Luis Borges et Federico García Lorca. Victoria Ocampo publie à partir de 1935 ses Témoignages (Testimonios, 1935-1977, en dix volumes), dans lesquels elle raconte ces rencontres. Elle écrit également des romans : La Laguna de los nenúfares (1924), Supremacía del alma y de la sangre (1933), Domingos en Hyde Park (1936), San Isidro (1941), Habla el algarrobo (1959). Victoria Ocampo décède en 1979.
"Il n'est d'authentique culture nationale que l'authentique culture internationale ", déclare Victoria Ocampo aux personnes l’accusant de trop s’intéresser aux littératures étrangères. Cet internationalisme marque la vie et l’œuvre de l’écrivaine argentine, mais aussi son engagement au sein de l’Organisation de Coopération intellectuelle. En mai 1939, elle est nommée membre de la CICI.